Le Keltia

Une fois que chaque protagoniste fut présenté, le petit groupe sortit triomphalement de la taverne. Triomphalement... un bien grand mot. Les compagnons de mésaventure étaient dans un tel état que le fait qu'ils aient "triomphés" ne paraissait pas si évident...
Mais passons, présentations faites ils sortirent de la taverne et se mirent en quête du précieux : le Keltia.

"bon, faudra pas marcher trop vite, c'est tout. On vous suit Capitaine !"

Le temps que l'information lui monte au cerveau et le temps qu'il comprenne qu'on s'adressait lui laissa le temps de faire apparaître sur son visage un air... surpris. Capitaine ? Non pas que Tarlynn sente ses chevilles enfler ou autre, il respectait ce titre. Après tout c'était son navire, non ? Capitaine... En serait il capable ? Dans un premier temps comme personne ne semblait opposer d'objection aux propos de Vaya... ils feraient avec, il serait capitaine... Capitaine de qui ? Parce qu'il n'y avait toujours aucun équipage et, ou... Non, on cherchera à résoudre ce problème plus tard.

Tarlynn ne répondit pas et laissa Slayn se présenter. Ce n'est qu'à ce moment là que Dorian réalisa ce qu'avait été la « récompense » du combat.

« T'as un bateau maintenant ?! Félicitations mon vieux !! Sacrée première journée à Clavinia dis donc ! »

Une sacrée journée... C'était le cas de le dire.

« Ne moisissons pas d'ici pour autant et allons-y ! J'ai hâte de voir un vrai navire moi ! »

C'est sur ces derniers mots de Dorian que la compagnie se mit en marche. En chemin chacun posa, se posa ou répondit à des questions participant, ainsi, à ne pas créer une ambiance morne et silencieuse. Tarlynn eut alors tout le trajet pour détailler son combat bestial et épique... mouaif... Il eut donc le temps d'expliquer à Dorian comment il était arrivé au statut de propriétaire du Keltia.

La grand place était encore bondés de personne, d'un côté marchand de toutes sortes, de l'autre racoleur et puis il y avait aussi tout les marins qui faisaient des aller retour entre les quais et les immenses hangar dans lesquels ils devaient entreposer de la marchandise. Tandis qu'ils marchaient sur cette place en direction des quais à la recherche du Keltia, Tarlynn jeta un coup d'œil à ses compagnons : Vaya, Dorian et Slayn.
S'adressant à ceux qui l'écoutaient et aux intéressés Tarlynn demanda :

« Puis-je me permettre de vous demander ce qui vous a poussés à rejoindre le combat ? Non pas que je m'en sortais très bien tout seul... Je vous remercie grandement, mais qu'est ce qui vous a poussés à ... » Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Tarlynn et ses acolytes arrivèrent sur les quais. Là s’amassait d'innombrable bateaux allant du magnifique galion à la simple chaloupe. Comment trouver le Keltia parmi tout ces navires ?

«  hum savez vous où se trouve le Keltia ? Il devrait s'agir d'un trois mats il me semble... » Demanda poliment Tarlynn à l'un des dockers.

Ce dernier le regarda l'air étonné avant de répondre :
«  Le Keltia ? Hum... Oui je peux vous y conduire, mais pour le « trois mats »... Je crois que vous faites erreur... »

Effectivement, en arrivant devant le dit bateau Tarlynn fut lui aussi surprit. Le tavernier leur avait certes parlé du Keltia, mais il aurait pu omettre d'embellir de trop le tableau... Quoiqu'il en soit, il s'agissait d'un beau navire. Il se faisait légèrement ballotter par la houle du port, quelques grincement s'échappaient du navire prouvant qu'il avait déjà une histoire à conter. Un navire marchand à l'allure paisible, mais, une fois à bord de celui-ci, les quelques canons et certaines parties rénovées allaient aux antipodes du charme paisible d'un navire marchand...
Un très bon navire. Heureux, c'était l'un des multiples mots qui pouvaient alors décrire l'état dans lequel se trouvait Tarlynn. Un bateau comme celui-ci c'était... Waouw ! Largement au dessus de ses espérances. Avait il réellement espéré quelque chose ?

Sur le pont du bateau, en face de la passerelle, ce tenait un homme qui découpait tranquillement des tranches de saucisses sèches attablés à un tonneaux.

« Smith. Qu’est-ce que je peux pour vous ? »

Rien besoin de demander, l'homme se présenta de lui même. Mais qui était il ? Un ancien membre de l'équipage de Turner ?
Tarlynn s'avança sur le pont faisant glisser sa main sur les rambardes de bois tout en laissant son regard se perdre dans les voiles. Émerveillement...

«  Moi c'est Tarlynn. Enchanté.... » finit par dire le tiefling et retournant son regard en direction de … Smith.

«  Permettez moi de vous demandez qui vous êtes ? Je veux dire à part être Mr. Smith, que faites vous sur le Ketlia ? Vous avez servis sur ce bateau ? Où est l'infirmerie ? Il y a d'autres personnes à bord ? » une demande maladroite qui relevait de son état. Peut être était ce dû à la douleur et au sang qu'il avait perdu et qu'il continuait à perdre... ou peut être était ce l'émerveillement, qui sait ?

Tant de question. Le tiefling avait tellement de questions à poser, mais dans l'instant présent tout lui échapper. Il se rendait enfin compte de ce qu'il avait « gagné » et c'était...Sans mots, Tarlynn restait sans voix. Si Smith connaissait ce navire peut être qu'il pourrait lui conter son histoire un de ces jours ...

[HJ : Désolée PNJ, mais ce tour-ci ce ne seront que des questions directes... On essayera d'être prévoyant les prochaines fois ^^]

Les quatre compagnons, s'ils ne savaient pas encore dans quel rafiot ils allaient, firent brièvement connaissance sur le chemin vers le port. C'était resté sommaire mais courtois et surtout Dorian eut la réponse à sa fameuse question "comment". Ainsi, il était possible de gagner un bateau de la sorte... Cela semblait impensable ! Un marin de ce nom n'abandonne pas son navire ; du moins, c'était son opinion sur cette question !! Il aurait une réponse sur cet impensable devenu réalité dans quelques instants mais il ne le savait pas encore.
Il savourait d'abord la vision du Keltia. Bon, ce n'était pas vraiment un trois mats ainsi qu'on leur avait préalablement dit, mais cela était largement suffisant pour voguer sur les mers et partir à l'aventure ! Autant dire que cela suffisait à notre ami roux. Il trépignait tel un enfant, pressé de monter à bord. Ce bateau était un vrai navire ! Bon, au premier coup d'oeil, il fit qu'il n'était pas parfait mais il irait quand même pour commencer.

A ses côtés, la belle Vaya restait plutôt impassible mais ne loupait pas un mot de la discussion avec le gars qui s'appelait Smith. Sa blessure à la jambe s'était calmée dans le sens où elle ne dégoulinait plus de sang... mais avoir marché ne l'avait pas non plus arrangé. Dorian la trouva alors un peu pâle mais elle demeurait fière et droite même si sa mâchoire restait serrée. Ce n'était pas les filles de son île qui auraient réagi de la sorte : elles fondaient presque en larmes lorsqu'elles se cassaient un ongle. Désespérant... Ah ! Oui ce n'était pas le sujet !

Tarlynn et Slayn [tiens, tous ont des "y" dans leur nom sauf Dorian Oo ! oui je viens de remarquer ça lol] avaient donc engagé la conversation avec le seul équipage présent sur le navire. Smith, puisque c'était son nom, tenta de répondre au flot de questions du premier et se montra plus clair en réponse au vampire.
Ainsi Turner, l'ancien propriétaire n'était pas le capitaine idéal et c'était pour cela qu'il avait abandonné son bateau au premier venu. Pardon Tarlynn, mais c'est un peu le cas... Le fils de pêcheur soupira mais se réjouissait quand même de l'incompétence de l'un car ça faisait le bonheur des autres, à savoir eux quatre ! Ou plutôt, ça faisait son bonheur, et peut-être celui des autres. Il ne pouvait pas se mettre à leur place non plus...

Un charpentier ? Un petit mot qui lui fit s'intéresser plus particulièrement à la conversation et qui le détourna provisoirement de son observation minutieuse (du moins, aussi minutieuse que possible sans bouger de sa place) du Keltia.

" Ah oui pour sur que ça nous s'ra utile !! Ravi de vous connaitre Smith ! "
Il entama ensuite les présentations pour tout le monde, sauf le Tiefling qui s'en était chargé tout seul. Vaya lui coupa la parole avec le sourire tandis qu'il se tournait vers elle pour dire son nom. La jeune femme se présenta d'elle-même et ajouta :

" Comme vous le voyez Smith, nous ne sommes pas sortis indemnes de notre rencontre avec votre ancien capitaine. Où peut-on trouver de quoi se soigner ? "
Elle aurait bien employé un petit terme affectif pour parler au vieil homme mais se retint pour l'instant, histoire de ne pas le froisser dès le départ. Son sourire était charmant et son ton pas pressant.
Dorian acquièsa. C'est vrai qu'ils n'étaient pas très frais et que quelques soins seraient bien utiles.

Après que le charpentier leur ait répondu, ils se dirigèrent tous d'un seul pas vers la cabine intérieure, découvrant ainsi les entrailles de la bête. L'un des quatre était aux anges, rien qu'à sentir la bonne odeur du bois traité. Avec son nez tuméfié, il avait l'air malin...
Une fois dans la cabine qu'on leur avait indiqué, la seule femme de l'équipe commença à chercher le nécessaire de soin. Aucune des blessures n'était grave, ainsi lorsqu'elle tomba sur un ouvrage de premiers soins, elle mémorisa sa position mais ne s'en saisit point. Elle pourrait venir le consulter plus tard.


[PS : J'ai la permission de jouer un peu Vaya le temps que sa propriétaire soit disponible.
Histoire qu'on puise enchainer...]

[Hrp : C’est pas grave, comme vous avez vu je me suis adapté. Au passage les MPs n’étaient qu’un support possible : ça aurait pu être un dialogue sur le chat ou sur msn, comme vous voulez. Du moment que ça vous permet d’avoir une réponse sans attendre la fin du tour. (Bah oui, c’est pour vous, hein ^^)]

Smith était relativement content. Turner avait été une mauvaise expérience, un gars qui était plus doué pour la bagarre et les tromperies que pour souquer une artémuse. En somme un excellent pirate mais une catastrophe comme capitaine.
S’en débarrasser faisait du bien, mais il fallait maintenant éviter de tomber de Charybde en Scylla. Heureusement, si les deux premiers types ne lui laissèrent pas une impression des plus favorable, le jeune marin derrière sut remonter la note globale. Car ouais dedieu, ça c’était un marin, inexpérimenté mais pas assez pour que notre homme ne reconnaisse pas un vrai collègue en quelques coups d’œil.

Il soutenait une fille bien pâle, qui lui demanda avant toute chose s’il y avait du nécessaire à rebouteux dans le coin. Et ça bah y en avait oui.

« Se soigner ? Mais fallait commencer par ça ! »

En fait Tarlynn avait commencé par là, quelque part entre trois questions sûrement. Ce qui revenait à n’avoir rien demandé pour Smith, en fait.

« On se présente, on se présente et on laisse la d’moiselle s’vider d’son sang, gmbrlmbrm, c’est du propre. On va trouver de quoi vous raccomoder… »

Il les mena dans les entrailles du navire, en tenant bien haut une lampe à pétrole et en en allumant quelques autres au passage. Il faisait toujours sombre la dedans même en plein jour. La cabine (inusitée) de l’ancien boucher-charcutier de bord n’était pas loin, et dedans se trouvait encore tous les effets personnels du bon monsieur qui avait écouté un boulet de trop près au dernier accrochage. Tout le matos de torture qui va bien, des fils et des aiguilles, ainsi que bien sûr une bonne réserve d’éthanol (multi-usage, fait du bien dedans et dehors). Dans un coin, une pile de livre attachés ensembles dont le premier titrait « La médecine pour les nuls » prenaient la poussière depuis un bon moment.
Smith regarda les blessures de son regard de vétéran, tapa sur l’épaule de Tarlynn en sifflant :

« Sont dans un jolis états ces mains, t’as essayé d’arrêter un sabre à mains nues ? Hahaha ! »

Bref tout cela était bien charmant mais puisqu’il avait des invités :

« J’m’en vais dans la cambuse, y a ptet de quoi vous préparer un ptit casse dalle pour vous remettre, j’suis pas maître coq mais… Pis y a une cuvée de rhum spéciale du capitaine, j’suppose qu’il la réclamera pas et que vous cracherez pas d’ssus. Héhé !
J’vous rejoins su’l’pont. Si vous voulez vraiment redonner un équipage au Keltia je suis votre homme, mais va y avoir du boulot. »

Il laissa ainsi les quatre compagnons de fortune se débrouiller. Parcourant les tréfonds du navire d’un "clop-toc ; clop-toc" énergique. En voilà un que les compagnons ne regretteraient probablement pas d’avoir rencontré aujourd’hui.

Clopin clopant, la peu bavarde Vaya avait fait le voyage concentrée sur son trajet, économisant ses forces au maximum. Embarquée sur un bateau, ils auraient bien le temps de faire la causette. Elle savait se faire oublier, la discrète, mais elle ne perdit pas une miette des échanges qu'il put y avoir entre les 3 et bientôt 4 compères. Ils découvrirent alors leur don. Un bateau et un bonhomme qui-s-il-était-pas-si-agé-lui-paraisait-tout-de-meme-au-moins-le-double-de-son-âge, bref, un vétéran qui devait connaître son métier !

Le smith lui plaisait bien. Un peu bourru, mais il avait l'air de quelqu'un de simple et fort sympathique. Pas de regret pour un sou, il les avait accueilli quasi chaleureusement ! Que demandait le peuple ? Ils venaient tous d'arriver, et hop, une bonne baston après, ils avaient un bateau, avec du rhum.... et un acolyte qui avait l'air d'en savoir long.

Voila, ils étaient à bord. Et franchement, le léger mouvement du bateau à quai lui demanda quelque peu rétablir son équilibre déjà vacillant. C'était un peu chancelant tout ça. Mais la poigne de Dorian la maintenait debout. Enfin, la pièce tant désirée leur ouvrit ses portes. Et ce fut l'odeur qui la marqua en premier. Une odeur de sang et de mort flottait dans l'air ambiant, mélangé à un soupçon âcre d'alcool. Un sourire étira le visage de la jeune femme.

Elle s’empara du premier bouquin trouvé. Du vrai pain béni ! Et le matériel....

"avec tout ça, je vais vous rafistoler en moins de deux, sur ! Allez messieurs, en piste !"

Ce qu'elle ne leur dit pas, c'est qu'elle ne garantissait pas les résultats. Fallait bien forger pour devenir forgeron, ça devait aller de-même pour tout métier !! Elle n'était pas plus bête qu'un autre, et avait l'avantage de savoir lire. Ca pouvait toujours être pratique.
Mais avant même de démarrer, elle fronça les sourcils, mue par un instinct soudain....

"dites voir, on vous soigne différemment j'imagine ? Tarlynn, t'es quoi toi au juste ? Bon bref, je verrais bien ça en temps voulu j'imagine.... Et Slayn.... t'as un problème que tu te caches comme ça ?"

Si Vaya ne parlait pas beaucoup, quand elle le faisait, elle ne mâchait pas ses mots...

"bon, en attendant, ya peut-être quelques choses dans ce livre et je vais commencer par ... moi-même."

Elle se rappelait de ses cours de couture imposés sur son île. Si sa mère la voyait, elle aurait surement regretter qu'elle les applique de cette manière. Heureusement, l’estafilade n'était pas très grande. Deux ou trois seulement serait nécessaire. Elle réunit tout ce dont elle pourrait avoir besoin, à commencer par cette bouteille de rhum planqué dans le caisson où trainait des chaînes en fer. Après s'être servie une bonne rasade, elle passa la bouteille en Dorian.

"vas-y, ça sera à toi après."

Elle se mit alors à écarter le tissu, impudique, pour libérer la plaie. Puis versa de l’alcool dessus, et serra les dents sous les élancements que lui donnèrent les coups d'aiguille. Elle s'arrêta pour souffler, reprit finalement la bouteille des mains de Dorian, étancha sa douleur dans le rhum, et fit enfin le nœud avec le fil . D'un geste adroit, elle le coupa. Pour la contusion, elle se résorberait bien d'elle-même, et elle n'en fit pas plus de cas.

La douce Vaya posa un doigt sur ses lèvres, profitant de ce silence consterné pour réfléchir. Elle avait bien eu vent des rumeurs sur les sanguins bien qu'elle n'en avait jamais vu jusqu'à présent. Cela dit, elle était loin d'être idiote et un truc la travaillait.

Elle commença tout d'abord par reboucher le flacon d'alcool qu'elle avait utilisé, et tira sur son vêtement pour recouvrir sa chaire recousue. Autant ne pas servir de repas tout de suite. Ça commencerait bien un équipage cannibale. Finalement, sans un mot, elle s'approcha de Dorian et tourna ses paumes vers elle, inspectant leur état. C'était pas terrible, avant de faire quoique ce soit, il allait falloir retirer chaque impureté qui s'y était logée. Elle n'avait pas vu sur quoi il avait tiré, mais la plaie n'était pas propre. Elle farfouilla rapidement dans la boîte à torture, et en sortit une grosse pince, dont elle se servit comme de pince à épiler géante, retirant précautionneusement ce qui n'avait pas sa place dans une main, tout en répondant enfin au sanguin.

"Tu sais Slayn.... Je ne crois pas qu'il soit nécessaire que l'on donne notre sang. On aura qu'à élever des chèvres ou des porcs dans la cale. Leur sang devrait te suffir au moins pendant les voyages. et ça nous fera un bon garde manger. Après, à terre, tu te débrouilles, et ma fois, s'il y a des volontaires, pourquoi pas. Mais tu risque seulement d'affaiblir l'équipage. Nous aussi on a besoin de notre sang."

Elle en avait presque fini avec les mains de Dorian, il ne resterait plus qu'à désinfecter un coup et bander tout ça. Resterait la question du Capitaine, mais peut-être qu'il avait également un don particulier quand à son appartenance. Les cornes, ça devaient pas seulement être là pour faire joli quand même.

"On ne m'achète pas avec de l'or. Et un peu de compagnie féminine ne serait pas pour me déplaire."

Les antres du bateau provoquèrent chez le jeune marin un sentiment étrange de bienêtre. Les pêcheurs n'avaient que rarement de cabine à bord et on ne pouvait compter que sur les cales pour se être à l'abri des tempêtes (si tant est qu'ils se mettaient à l'abri lorsque la tempête arrivait...). Elles n'étaient guère confortables et puaient le poisson et le sel qui le conservait frais vous collait à la peau plus surement que les embruns marins. Bref, Dorian pénétrait pour la première fois dans le cœur d'un navire et il se promit d'en faire le tour dès qu'il en aurait l''occasion pour s'approprier les lieux. Lui, on pouvait être sur que la mer l'avait conquise... car le simple fait de la sentir paresseusement dodelinée sous les planches le mettait aux anges.

Smith les abandonna dans une pièce où se trouvait rangé un peu pelle-mèle tout le nécessaire d'un soigneur. En l’occurrence, ce fut Vaya qui prit les devants et se désigna soigneuse de l'équipe. Commençant par elle-même, elle banda sa cuisse après l'avoir désinfectée et recousue. Elle était désormais en mesure de s'occuper des autres et le prochain sur la liste était Dorian. Elle s'appliqua à retirer chaque brindille du fouet qui avait choisi de se loger dans sa chair et le jeune homme ne broncha pas une seconde. Il y avait d'autres endroits bien plus douloureux que la paume des mains... Non l'heure n'est toujours pas venue de raconter ce qu'il est arrivé au fils de pêcheur... une prochaine fois peut-être...

Ce fut à ce moment que Slayn se décida à dévoiler sa véritable nature. N'entendons pas par là qu'il fit un carnage... encore que ça aurait pu... Non, il était dans un coin de la pièce, à demi dans la pénombre, car la lumière de la lampe n'arrivait que péniblement à lui. (Vaya en a bien plus besoin, donc elle se trouve près d'elle et de son patient) Il annonça qu'il était un vampire. Un drôle de silence emplit l'air et même la mer semblait avoir suspendu quelques secondes ses vagues pour soutenir l'instant dramatique.
Celui qui était donc un sanguin leur expliqua calmement qu'il ne s'attaquerait pas à eux car il souhaitait faire partie de l'équipage. Il leur proposa de le nourrir d'une manière détournée en utilisant les seringues pour prélever leur sang. La première à réagir fut la seule présence féminine à bord : Vaya s'offusqua en prétextant qu'il y avait d'autre moyen et qu'ils avaient tous besoin de leur énergie, donc de leur sang. Une vraie petite médecin en herbe !

" Et comment on achète les bestiaux ? L'un de vous a de l'or sous le coude ? " demanda naïvement Dorian dont les mains commençaient à ressembler à quelque chose de plus normal, les plaies en moins. Toute les fibres bleues avaient disparu et ce n'était pas plus mal.
" C'est effectivement une bonne solution que d'utiliser des animaux mais pour les tenir longtemps en mer, il faut aussi de quoi les nourrir et cela fait des frais en plus... D'autant qu'ils peuvent transporter des maladies ou en développer durant le voyage. Bon d'accord, mon expérience s'arrête aux poissons mais j'ai aussi vu des poules faire de longues traversées et ne pas tenir bon durant celles-ci. De la viande fraiche oui, mais pour les premiers jours. Pour tenir le reste du temps, il faut que la viande soit cuite 0u au moins salée. "

Il était effectivement celui qui avait le plus l'expérience des voyages maritimes, en dehors de Smith qui avait plus de bouteille que lui dans ce domaine.
Pour en revenir à la révélation de l’encapuchonné, le roux s'en moquait bien. A chacun ses petites particularités... Et puis s'il avait voulu les attaquer pour se nourrir d'eux, il aurait eu le loisir dans cet espace exigu d'en attraper au moins un sans problème. Il faudrait peut-être garder un œil sur lui et ses pulsions mais il pouvait être utile à l'équipage.

" De l'or et une jeune fille en détresse ? Ça promet des aventures tout ça !! Je suis partant moi !"
Voilà qui achevait de convaincre le marin. La promesse d'une aventure (ou de deux dans ce cas-là) était l'un des deux meilleurs moyens de s'attirer l'enthousiasme de Dorian. L'autre était de naviguer mais pour cela, il était en bonne voie...

La belle terminait son ouvrage sur ses mains. Le bandage était bien serré mais il pouvait encore utiliser ses mains. Il enfourna pour le prouver une rasade au fond de sa gorge, bien que cela ne fut pas nécessaire d'un point de vue purement anesthésique.

" Merci beaucoup !! " fit-il avec un sourire enjôleur. Chose qu'il n'avait pu faire précédemment, il se saisit de la main de la demoiselle et y posa un rapide baiser de remerciement. Puis avec un clin d’œil, il s'écarta pour laisser la place au prochain patient.
La discussion pouvait continuer... Bien des choses restaient à organiser.

Vaya ne voyait pas vraiment comment elle allait pouvoir expliquer aux marins un tel procédé, mais il semblerait que ce serait à elle manifestement de le faire.

"je pense qu'il est préférable de leur taire la raison officielle. Toute vérité n'est pas bonne à dire, à mon humble avis."

Et zut, son idée n'était pas grandiose à priori. Bref, têtue, elle préféra tout de même revenir à la charge.

"Et des lapins, ça prend pas de place, ça demande peu de soin et de nourriture... Et ça fait de bon civet de temps en temps. Non, quelques lapins ? Et pas besoin de les acheter, ça se trouve dans n'importe quel bois avec un peu d'habileté et de quoi les attraper. Histoire d'alterner avec le sang humain"

Quoiqu'il en soit pour elle, son choix était arrêté.

Pour en revenir au don du sang, pour moi ça sera non en tout cas. J'aurai trop l'impression d'être un morceau de viande, une réserve de nourriture, que sais-je encore !

Et puis, non, mais être un steack ambulant, ça avait le don de rabaisser sa fierté, et de la classer en inférieur par rapport au vampire "prédateur naturel". Et ça, elle ne pouvait tout simplement pas l'accepter.

"Bref, quand est-ce qu'on la rencontre cette âme en détresse ?"