La pluie s'était mise à tomber au petit matin. C'était une pluie fine, typique du bord de mer qui ne devrait pas durée très longtemps. Un début de journée nuageux, sans joie et sans couleur qui agaçait la corne du Minotaure. Si précédemment il s'était octroyer un gros roupillon bien mérité suite à son aventure dans la forêt. Dul'aag avait pansé ses plaies et réarranger son pelage plus ou moins arraché et s'était endormis dehors, ne supportant pas les habitations des troglodytes. Mais il ne se sentait pas moins harassé par toute cette grisaille.
*J'espère que ce n'est pas tout les jours comme ça dans cette ville.*
Il y avait bien longtemps dans sa tribu, il se souvenait qu'il se réveillait au bruit des activités naissantes du matin, ou au bruit du sabot qui lui labourait le dos pour lui sommer de se lever. Ensuite ça avait été son tours de labourer le dos d'un jeune Minotaure.
De nombreux jours, il était nostalgique de ce temps là. De ces souvenirs là. Ces derniers s'échappaient souvent à sa mémoire, remplacer par, plus vifs, les souvenirs de camaraderie viril entre minotaure sur son île.
"En quelque sorte c'était aussi le bon temps hein? Haha! ..."
A qui il parlait là? Plus personne ne comprenait sa langue, et il avait beau avoir retrouvé une civilisation, il se sentait encore plus seul que sur son île perdue. Mais en même temps l'ambiance là bas était devenue quelque peu tendus.
*La solitude peut rendre fou un Minotaure après tout. Ils avaient craqués, et j'étais sur le point de faire de même.*
Ignorant totalement qu'il avait été le premier et le dernier Minotaure à avoir craqué son slip sur l'île paumé, Dul'aag se dirigea vers la maison du vieux, son sac sur le dos. Il avait encore le pactole que le vieillard lui avait donné pour acheter le minerai dont il avait besoin. Dul'aag se savait un peu en retard sur l'horaire prévue, il ne pressa donc pas le pas plus que ça. Trois quatre jours depuis sa dernière visite, une minute de plus ou de moins...
Il frappa à la porte trois fois, la faisant tressauter sur ses gonds. Un rire étouffé sortit de la fenêtre du dessus.
-Huhuhu...
La pluie s'était arrêté de tomber. Soudain quatre drôles de bonshommes surgirent des recoins de la rue et l'acculèrent contre la porte. L'un portant une planche en bois, deux autres un marteau (chacun, pas un pour deux.) et le quatrième arborait un pistolet à la ceinture. Ce derniers s'avança les bras croisés et toisa le Minotaure avec un sourire suffisant. Il leva un sourcil, ses yeux accompagnant la touffe de pilosité vers la fenêtre du dessus.
"C'est lui papy?"
La tête dégarnit du vieux sortit de la fenêtre pour regarder en bas, sa barbe pendouillant au dessus du vide. Il plissa les yeux et cria d'en haut de sa voix éraillé.
-Oui ! Un grand roux avec un drôle de chapeau! C'est lui qui m'a dévalisé en partant comme un vandale!
- ... des cornes Papy. s'adressant à Dul'aag. Tu va devoir rendre l'argent que tu a volé au vieux, et avec les intérêts!
Dul'aag se grattait la corne de fer d'un air pensif. Il essayait de suivre la conversation et eut la fierté d'avoir presque tout compris. Hormis le dernier mot. Quand les gus s'étaient pointé il s'était tout simplement mit à porté de sabot de la porte, prêt à l'enfoncer pour s'engouffrer à l'intérieur. Le bois était solide, mais vus le bruit qu'avaient fait les gonds, il devait sûrement en être capable. Sa stratégie s'était arrêté là, la traduction ayant requis toute son attention. A présent il lui fallait répondre aux avances du jeunot. Ce dernier était le plus grand des quatre ce qui le rendait plus maigre qu'il n'était en réalité. Le plus vieux aussi. Les quatre personnages étaient bruns et avaient comme un air de famille. A l'odeur et à la vue des mains, ils devaient travailler dans une usine sidérurgique.
Finalement, Dul'aag trouva sa stratégie de contre attaque.
-Pourquoi?
C'était le meilleurs mot chez les humains puisqu'ils s'empressaient toujours d'y répondre pour étaler leurs science. Le gus s'emporta sous le coup de la surprise, furieux de devoirs s'expliquer. Rien ne l'y obligeait, mais c'était un réflexe naturel chez les humains d'enseigner aux ignorants.
-Pourquoi? Tu sais très bien pourquoi! Il y a quatre jours tu a prit de l'argent au vieux et maintenant tu revient le détrousser encore une fois. Papy est peut être sénile, mais on tient à notre héritage.
-Hu! arrêtez de parler de ça ou je vais vivre le plus longtemps possible juste pour vous emmerder!
-Ta gueule le vieux je parlais pas à ta pomme!
La planche de bois intervint en chuchotant à son frère.
-L'encourage pas Baz', tu sais qu'il en est capable.
Dul ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal. Apparemment ces cinq personnes lui en voulaient a propos d'argent du vieux. Or il n'avait...
*Ah!*
-Mais j'ai minerais?
Le vieux gigota de son bord de fenêtre.
-C'est ça! Hu! Prenez lui mon argent et le minerais. Ce voyou me l'a volé aussi!
Le chef de bande afficha une mine contrarié, mais avant que la situation ne dégénère Dul'aag s'adressa au vieux en lui rappelant les termes du contrat.
-Non. Toi donner argent et demander minerais. J'ai minerais. J'ai argent. Je donne minerais et je travail minerais. Toi prêter forge. Finit.
La situation ne pouvait pas dégénéré à vrai dire. Baz, le brun ténébreux et charismatique hélà son grand père en soutenant la cause de Dul'aag. Du moins indirectement.
-Hey vieux débris! Tu comptais nous expliquer quand que c'est un traquenard, là? Il a fait tes courses pour toi et tu te sert de nous pour qu'on se ramasse des gnons en dévalisant un étranger. Va pourrir, en attendant ouvre lui la porte et nous dérange plus, on a déjà eut assez de soucis avec tes magouilles.
Il pointa le doigt vers Dul'aag.
-Et tiens toi à carreaux toi aussi.
Sa menace passé, il s'en alla en compagnie de ses frères.
Des truands de bas étages qui étaient venus lui chercher des noises. Dul'aag soupira. Il n'aurait pas voulut leur faire de mal. Il en aurait attrapé un pour frapper les autres, et il était déjà fatigué de devoir se battre sur cet île pour des bricoles.
*Il me faut du fer, un marteau une enclume et un feu. Non d'un chien j'aurais dut me débrouiller moi même...*
Le vieux le laissa finalement entrer. Il baissa la tête en passant sous le perron et posa le sac sur la table. L'humain vint farfouiller dedans en constatant avec surprise la quantité obtenus en rapport avec l'argent qu'il lui avait donné. Il se frotta les mains et descendit dans la forge au sous sol.
-Viens apporte ça en bas. Huhuhu. Bon puisque tu est revenus et que tu a peu dépenser tu peut me rendre mon...
-Non!
-Très bien d'accord d'accord Huhuhu.
Les jours qui allaient suivre devaient se passer sans encombres. Il s'entendit avec l'homme pour l'utilisation de la forge, travaillant pour lui pour avoir en rémunération les pièces servant à échanger dans la ville des humains. Il pouvait aussi installer une literie, mais Dul'aag préférait dormir hors de la ville ou sur le toit. S'abritant qu'en cas de mauvais temps.
Le malentendus terminé, le matériel nécessaire dans la bourse, le Minotaure parcourus la ville à la recherche d'un breuvage revigorant.