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 Les frères arrivistes

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Seymour Jenkins

Seymour Jenkins


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MessageSujet: Les frères arrivistes   Les frères arrivistes Icon_minitimeVen 19 Oct - 18:57

Ruelles sombres, fumantes et nauséabondes. Des visages possédant le même rictus. La douleur du travail, de la vie et du quotidien.
Les sens de Seymour étaient loin d'être charmés par l'ambiance de Clavinia. Il se demandait si il s'y habituerait jamais. Cette ambiance lourde qui pesait sur ses épaules ne semblait pas avoir le même poids sur celle de son frère, Gray.
Cela faisait dix jours qu'ils avaient amarré dans le port de Clavinia. La traversé fut rude et interminable. Tout ça pour ça, se dit Seymour. Un ramassis de pochtrons qui ne sont là que pour culbuter la prochaine femme trop ivre pour s'en rendre compte. Les orphelins s'organisaient en bande pour espérer vivre au-delà de douze ans. Et les rats, les animaux, les hommes et les autres races viennent ici pour essayer de survivre.
Constat déchirant.
Les dix jours d'acclimatations avaient été dur pour Seymour. Loin de chez lui et éprouvant une déception grandissante envers la fameuse île des pirates, il ne voyait plus trop comment s'en sortir.
Mais ces gens avaient bien besoin de quelque chose, non ? De la distraction ? Du frisson ? Du plaisir ? Il fallait absolument que Seymour entrevoit les besoins de cette civilisation d'illettrée. Mais les besoins, il pouvait les créer. Il fallait aller directement à la source. Trouver un moyen de marchander en sûreté, quelque chose, n'importe quoi.
Il regarda Gray du coin de l'oeil et se mit à réfléchir à toute vitesse. Ce qui n'était pas bon et il le savait. Il fallait d'abord qu'il se calme, se concentre et se pose pour mieux appréhender le futur.

« Dis-moi frangin, tu comptes faire quoi ici. Depuis le temps que tu parles de partir à l'aventure j'espère au moins que t'as un plan en tête. Me dis pas qu'on a traversé tout cette merde juste pour crécher dans la rue ? Mon estomac a pas tourner autour de mon trou de balle pendant trois mois pour qu'on se retrouve à rien faire ici... »

Accoudé à un tonneau, Seymour laissa le temps à Gray pour organiser ses paroles. Il ne lui parlait pas souvent comme ça, mais il fallait vraiment le secouer, lui faire prendre conscience de la dangerosité de la situation. D'accord, ils avaient de l'argent de côté, mais dans des avenues comme celle qu'ils avaient en face d'eux. On pouvait perdre toute une vie en un claquement de doigt.

" Je voudrais que tu ailles parler aux gens que tu connais, si tu en connais ici bien sûr. Je me doute que c'est une grande ville mais fais-toi des relations, des amis. Qu'en penses-tu ?"

Le regard de Seymour se porta soudain sur une ribambelle d'enfants qui se mirent à chanter. Douce et belle chanson , dommage qu'elle parle d'étriper un marin...
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Gray Jenkins

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MessageSujet: Re: Les frères arrivistes   Les frères arrivistes Icon_minitimeDim 21 Oct - 1:27

Gray marchait, l’œil humide, la mine triste, au milieu de la troupe de badauds tous plus cabossés les uns que les autres. La misère, il l'avait côtoyée de près sur les quais de Frösön... Là-bas il avait eu affaire au grouillot standard, sans ambition, vivant dans la crasse des caniveaux remplis d'eau croupie et de vermine. Et à Clavinia, rien n'était bien différent. En dix jours, il s'était rendu compte qu'il était tombé dans le même fourbi moisi qu'était son «chez soi ». La froideur en moins.
Il pensait quitter une vie sans saveurs et pleine d'espoir pour en vivre une plus épique, remplie d'aventures et de découvertes. Naïf qu'il était. Il n'avait trouvé que des claques dans sa mouille et de brusques retours à la réalité. Désespérant.

La journée était pourtant belle. Les ivrognes rentraient chez eux, titubant, gueulant, beuglant, après une nuit bien remplie dans les tavernes, les marins s’affairaient déjà à leur tâches ingrates, les mendiants mendiaient (que voulez-vous qu'ils fassent d'autre?) et, à cette heure matinale, le soleil pointait son nez. Un début de journée classique pour Clavinia. Pourtant, Gray traînait des pieds, près de son frère, perdu dans ses pensées. Au delà de leur vie en Clavinia, c'est leur relation fraternelle qui en devenait stérile. Leur condition de « paumé » ne favorisant pas le dialogue, ils ne s'adressaient que très peu la parole. Même si Seymour n'était pas du genre loquace avec lui, cette situation commençait à peser sérieusement sur Gray.
Ruminant, Gray regardait le sol, les yeux vitreux quand Seymour dénoua l'affaire :


« Dis-moi frangin, tu comptes faire quoi ici. Depuis le temps que tu parles de partir à l'aventure j'espère au moins que t'as un plan en tête. Me dis pas qu'on a traversé tout cette merde juste pour crécher dans la rue ? Mon estomac a pas tourné autour de mon trou de balle pendant trois mois pour qu'on se retrouve à rien faire ici... »

Gray s'arrêta brusquement, fixant intensément Seymour, interloqué par le ton qu'il venait d'employer. Il fulminait. Croyait-il vraiment qu'il avait plus de solutions que lui ? Il était aussi soulé, aussi paumé que lui.
En s'accoudant à un tonneau, son frère ajouta :


" Je voudrais que tu ailles parler aux gens que tu connais, si tu en connais ici bien sûr. Je me doute que c'est une grande ville mais fais-toi des relations, des amis. Qu'en penses-tu ?"

Des gens qu'il connaissait... Ça le faisait marrer ça, Gray. On n'était pas à Frösön ici, on en était même très loin. Ravalant son agacement, il lui répondit de la manière la moins agressive possible :

« Ecoute Seymour, j'veux bien comprendre que la situation te soule là. Mais ne croit pas que c'est parce que j'ai des amis à Frösön qui viennent régulièrement ici, que j'peux nous sortir de la merde. Il font pas une simple navette entre notre île et le port de Clavinia. Ils ont des itinéraires, des commandes... Tu es bien placé pour le savoir. Ils peuvent être n'importe où à l'heure qu'il est. Désolé de te répondre comme ça, mais non j'ai pas de plan, et j'vois pas comment on peut s'en sortir... J'ai rien, aucune solution, aucune relation ici, faut qu'on se débrouille seul »

Sur ces paroles, Gray s'accroupit près du tonneau ou son frère venait de s'accouder, la tête entre les mains, écoutant le chant qu'un groupe d'enfant venait d'entonner .

*Quelle merde... Mais quelle merde... *

Levant les yeux vers son frère, il demanda dans un soupir :

« Et toi frangin ? Tu as un plan de génie ? Après tout c'est toi le cerveau ici... » Gray lui adressa un sourire complice.

Après tout, il fallait dédramatiser tout ça. Au moins pour l'instant...
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MessageSujet: Re: Les frères arrivistes   Les frères arrivistes Icon_minitimeMar 23 Oct - 14:34

Gray... Il fallait absolument qu'il fasse ce que son frère lui demandait. La situation ne s'arrangerait que si les deux parties coopéraient. Ils étaient tous deux venus ici, non par défaut, mais certainement pas par choix. Les agents du Gouvernement ne les retrouvaient pas ici, c'était la seule chose dont Seymour était certain.
Si Gray n'avait aucune solution, il devrait agir au nom des Jenkins, comme un Jenkins. Alors qu'il entendait son frère se plaindre la tête entre les mains, Seymour réfléchissait.

« Et toi frangin ? Tu as un plan de génie ? Après tout c'est toi le cerveau ici... » lui dit son petit-frère en souriant.

Seymour ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de drôle dans l'instant mais il comprenait qu'il fallait prendre du recul. Il ne fallait pas non plus céder à la panique.

« Mon plan n'est pas sûr. Pour le moment. Je veux que tu ailles visiter les docks, te fondre dans la masse et te faire des relations de la même manière que tu l'as faite à Fröson. Tu aimes mettre la main à la pâte alors vas-y. C'est tout ce que je te demande. »

Il regarda Gray avec détermination. L'importance de leur entreprise, de leur survie même, résidait dans les relations et c'était son jeune frère qui était le plus à même de réussir. Il n'y aurait de faille que si il lui permettait d'en faire.

«  De mon côté, j'irai voir des gens importants. J'irai m'immiscer dans les strates plus hautes de cette société, si on peut l'appeler ainsi. Va voir les intendants, les chefs d'équipages, toute personne que tu jugeras à même de nous aider ou de collaborer avec nous. »

Une idée s'introduit brusquement dans l'esprit de Seymour. Alors qu'il marchait tranquillement dans cette rue crasseuse et bruyante, il se dit que les Claviniens avaient besoin d'autres choses. Dans tous les sens du terme. Leurs vies étaient loin d'être agréable, passé à souffrir et à toujours être vigilant. Le divertissement, le rêve et le voyage. C'était ce dont avaient besoin les Claviniens. En d'autres termes, de l'alcool, des histoires, des femmes et des produits permettant de voyager par l'esprit. Il irait voir plus tard comment des commerces pareils s'en sortaient dans la ville des pirates.

« Tiens, une dernière chose. Si tu veux t'acoquiner avec quelqu'un, essaies de trouver quelqu'un d'influent et fais attention à ce que ton cœur ne parle pas avant ta tête. N'oublie pas que pour l'instant, nous n'avons pas d'ami, pas d'associé, nous sommes seul comme tu l'as dit toi-même et c'est à nous de changer cela. »

L'air vibrait d'activité ici. Ce n'était pas pour déplaire à Seymour mais il ne faisait pas partie de cette vague d'hommes qui grouillaient et s'affairaient à leur dur labeur.
Par la Chance, que ce soleil était cuisant en ces latitudes.
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Gray Jenkins

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MessageSujet: Re: Les frères arrivistes   Les frères arrivistes Icon_minitimeMar 23 Oct - 17:50

Voyant la réaction de son frère, Gray se fit la réflexion que c'était pas tellement le moment de prendre ça à la légère.

« Mon plan n'est pas sûr. Pour le moment. Je veux que tu ailles visiter les docks, te fondre dans la masse et te faire des relations de la même manière que tu l'as faite à Fröson. Tu aimes mettre la main à la pâte alors vas-y. C'est tout ce que je te demande.  De mon côté, j'irai voir des gens importants. J'irai m'immiscer dans les strates plus hautes de cette société, si on peut l'appeler ainsi. Va voir les intendants, les chefs d'équipages, toute personne que tu jugeras à même de nous aider ou de collaborer avec nous. »

Ça paraissait être un bon début. Après tout, il commençait à en avoir plein le râble de Seymour et son caractère. Voir d'autres personnes chacun de leur côté leur permettrait sans doute de mettre entre parentèses leurs querelles et repartir sur des bases un peu plus constructives. Et puis, il en pouvait plus de rien faire de ses journées...
Les rires gras des matelots, les voiles claquant sur les mâts, le plancher des ponts qui craque, les cris des capitaines, toute cette effervescence lui manquait. Et bientôt il allait retrouver tout ça.

« Ouais on a qu'à faire ça ! J'vais aller faire un tour aux docks, près de là où on a accosté. Y'aura sûrement un truc à faire là-bas. »

Gray souriait. Enfin une opportunité de se montrer utile, de faire quelque chose de ses mains, de vivre quoi ! Enjoué, il reprit sa marche aux côtés de son frère, qui rapidement ajouta :

« Tiens, une dernière chose. Si tu veux t'acoquiner avec quelqu'un, essaies de trouver quelqu'un d'influent et fais attention à ce que ton cœur ne parle pas avant ta tête. N'oublie pas que pour l'instant, nous n'avons pas d'ami, pas d'associé, nous sommes seul comme tu l'as dit toi-même et c'est à nous de changer cela. »

Sceptique, Gray fit la moue. Les gens influents, jamais il n'en avait côtoyé. Grouillots, matelots et dockers, voilà ce qu'était son quotidien à Frösön. Les jeux de pouvoir et d'influence, ça a toujours été Seymour et son salaud de père. Mais bon, pourquoi ne pas tenter de porter une oreille plus attentive à ce qui se dit autour de lui, pour une fois. Seymour avait raison. Arrêter d'agir à l'instinct serait bénéfique pour eux mais aussi pour lui-même, Gray le savait.

« Hum, des gens influents hein ? fit-il en se grattant le menton. Vais tenter. Te promet rien. Tiens, au fait, j'ai entendu parler l'autre jour d'une taverne où les infos circulent, si tu vois c'que j'veux dire. Ça s'appelle le Cabaret du Petit Crépuscule. J'sais pas où c'est mais p'tet que ça peut être intéressant d'aller jeter à œil à l'intérieur. »

Si Gray lui en parlait, c'est surtout parce que ce Cabaret l'intriguait. Il irait peut-être y faire un tour d'ici peu.
Sans faire attention, les Jenkins étaient arrivés au port de Clavinia. Grandiose. Des dizaines de bâtiments, plus impressionnants les uns que les autres y avaient jeté l'ancre. L'effervescence qui émanait de tout ce spectacle inspirait Gray, plus que jamais. Un jour il ferait partie de l'un de ces équipages, peut être même qu'il en serait le capitaine. Il serait respecté, adulé et... STOP. Oui, stop. Pour l'instant, Gray n'était qu'un péquenot sans le sou, qui trimait pour avoir quelque toit pour dormir chaque soir. Bien loin de tous ses espoirs. Une sorte de va-nu-pieds qui ne bouffait que du pain rassi, du fromage moisi et de la viande séchée depuis trois mois. Un clodo de première classe quoi. Alors les aventures sur l'océan c'était pas pour tout de suite. Il venait d'en prendre conscience. Secouant la tête pour effacer ces utopies, Gray s'adressa à son frère :


« Je suppose qu'on se sépare là du coup. J'espère qu'ça va le faire, qu'on va s'en sortir. A mon avis, c'pas pour après d'main m'enfin... Où est-ce qu'on s'rejoint ? »
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MessageSujet: Re: Les frères arrivistes   Les frères arrivistes Icon_minitimeMer 24 Oct - 15:31

Bien. Gray avait l'air de comprendre ce qu'il lui demandait. Si tout se passait bien, ils auraient tous deux des gens à qui parler, avec qui troquer ou juste à qui demander des renseignements. Son frère avait l'air soulagé et presque, content. Étrange. Il venait pourtant de lui dire d'aller jouer les forçats pour des bouseux. Gray l'étonnerait toujours un peu, et c'était une bonne chose si ça continuait comme ça. Seymour aurait du temps avant que Gray ne demande autre chose, des choses plus gratifiantes.
Se séparer était aussi une bonne chose. Ça permettrait à l'aîné de se retrouver au calme, de ne pas avoir quelqu'un sur qui veiller. Il pourrait enfin s'occuper de lui et de lui seul. C'est toujours comme ça qu'il a pu s'en sortir auparavant. Cela simplifiait beaucoup les choses de n'avoir que les préoccupations d'une seule personne. Et c'était aussi plus simple de se faufiler dans la foule quant on est un seul homme.
Alors qu'il commençait à s'éloigner, Gray l'interpella :

« Tiens, au fait, j'ai entendu parler l'autre jour d'une taverne où les infos circulent, si tu vois c'que j'veux dire. Ça s'appelle le Cabaret du Petit Crépuscule. J'sais pas où c'est mais p'tet que ça peut être intéressant d'aller jeter à œil à l'intérieur. »

Le Cabaret du Petit Crépuscule ? D'où avait-il sorti cette info ? À force de réfléchir, il en avait oublier la base de la récolte de renseignement : l'écoute. Il avait passé ses dix derniers jours à réfléchir au plus profond de son derrière sans même entendre les choses importantes. Cela aussi, il faudrait qu'il le corrige très vite.

« Où as-tu entendu ça petit frère ? Il faudra que j'aille voir par moi-même mais j'aimerai déjà plus d'information sur le lieu, tu comprends ? Si c'est un coupe-gorge, tu serais le seul Jenkins sur cette île pourrave. C'est pas ce que tu veux, hein Gray ? »

Toujours s'assurer de la loyauté d'un employé, c'était l'un des credos de son père. S'assurer de sa loyauté mais aussi lui rappeler où il se trouvait par rapport au chef. Si Gray s'en allait dans les bois sans se soucier de son frère, alors ils seraient tous deux perdus. Et pour éviter ça, autant la jouer mélodrame.

« Tu comprends que je tiens à toi, petit frère. Mais n'oublie pas que nous sommes tous ce qui reste de la famille Jenkins. On a un devoir envers eux. »

Il grimaça face au soleil. Sa chaleur fit s'élevait toutes les odeurs de nourritures rances et un léger vent fit voleter les douces effluves d'une tannerie qui devait se trouver non loin. Burp. Juste un léger renvoi pour Seymour mais un gamin à côté de lui s'était laissé surprendre. Shplock sur la botte.

« Une bien belle journée! » dit Seymour avec une grimace.
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